Isolée du continent du point de vue des réseaux, l’île varoise des Embiez est désormais raccordée à la ville de Six-Fours-les-Plages. Eaux usées, eau potable, électricité et téléphone… six mois de travaux ont permis de sécuriser l’ensemble, grâce à la technique de fonçage, permettant du même coup de préserver les espèces naturelles protégées.
On respirait beaucoup mieux cet été du côté de l’île des Embiez. Car grâce aux travaux effectués depuis l’automne précédent, finies les petites mauvaises odeurs dues à l’épandage. Propriété de la société Paul Ricard SA, l’archipel devait faire face à des structures plus du tout adaptées à son bon fonctionnement. Les travaux engagés étaient importants. Pour les eaux usées, il s’agissait de faire disparaître les cinq stations d’épuration, d’éviter les rejets accidentels et de pouvoir récupérer les eaux usées des plaisanciers. Concernant l’eau potable, il fallait améliorer la distribution et remettre à niveau le réseau ancien. Mais il fallait également rajouter une deuxième ligne d’électricité afin de permettre un bouclage de sécurité et moderniser le réseau téléphonique en passant une fibre optique. Tout cela dans un contexte environnemental particulier. En effet, la lagune du Brusc, située entre l’île et la ville de Six-Fours-les-Plages possède l’un des plus beaux récif de posidonies d’Europe protégé par Natura 2000 et classé ZNIEFF, c’est-à-dire Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique. Mais ce n’est pas tout. Le passage entre le Gaou, situé à la pointe de Six-Fours-les-Plages et les Embiez, large de plus de 150 mètres, contient également des herbiers de Cimodocés et de posidonies et des grandes nacres. Un vrai casse-tête quant à l’option à choisir pour effectuer les travaux. Enfouissement ou fonçage ? La première solution optait pour la pose de conduites dans les sédiments marins, avec le risque de destruction de l’herbier de posidonies. La seconde, sauvegardait les espèces et protégeait davantage les réseaux. Seul hic, le surcoût, 80 000 euros, financés entièrement par Paul Ricard SA qui a bénéficié néanmoins d’une aide de l’agence de l’eau à hauteur de 30 % de la somme totale des travaux, soit 1,5 million d’euros. Le fonçage se déroule donc en trois étapes. Un premier tir pilote permet d’effectuer le forage, puis l’alésage agrandit le forage afin de faire passer les fourreaux et le tirage met ses derniers en place.

Succès total pour l’opération qui a nécessité, après 3 ans de montage de dossiers, six mois de travaux (d’octobre 2006 à mai 2007), 3 km de tranchées, 4 km de câbles électriques, 8 km de canalisations eaux potables et usées. Cinq stations d’épuration ont été supprimées. Deux bassins de rétention d’eau permettront dorénavant d’assurer une semaine de stockage en période estivale. Les sociétés Dutto, Cataldo pour les travaux d’adduction de l’eau, Colas pour la restructuration des réseaux, l’APAVE pour le contrôle technique, ACF pour la coordination et SNEFF pour le câble de fibre optique, sont intervenues sur ce chantier. Qui n’est pour autant pas entièrement terminé. Reste à relayer l’une des deux stations au continent, ce qui sera effectué durant l’hiver. Objectif atteint.