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Marie-Céline Masson : « Si l’on souhaite développer le réseau ferroviaire, il faut arriver à le rendre plus attractif »

PUBLIÉ LE 23 FÉVRIER 2024
FRÉDÉRIC BURGUIÈRE
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Marie-Céline Masson : « Si l’on souhaite développer le réseau ferroviaire, il faut arriver à le rendre plus attractif »
© SNCF Réseau
A la tête de la direction territoriale Hauts-de-France de SNCF Réseau depuis le mois d’octobre, Marie-Céline Masson a vécu ses 100 premiers jours au rythme des crises climatiques qui ont frappé la région. Une occasion pour faire le point à moins de 200 jours des jeux Olympiques et Paralympiques.
 
BTP-Rail : En octobre dernier, vous avez succédé à Nathalie Darmendrail. Quel regard portez-vous sur vos 100 premiers jours ?
Marie-Céline Masson : Originaire des Hauts- de-France, j’ai pris le poste de Directrice territoriale en étant bien consciente des enjeux ferroviaires de la région. Et ces 100 premiers jours ont été pour le moins intenses. Depuis ma prise de fonction début octobre, se sont enchaînés : la tempête Ciaran, les inondations dans le Pas-de-Calais, le gel sur une terre inondée et la tempête Isha… Une succession d’épisodes climatiques qui ont impacté le réseau ferroviaire. Cela m’a permis d’apprendre plus vite, et de voir que les équipes étaient très fortement mobilisées sur ces situations de crise. Les équipes étaient, et sont encore, sur le pont nuit et jour. Depuis ma prise de fonction, je fais le constat de l’engagement des équipes de SNCF Réseau sur les missions que l’on leur confie. Certes ce n’est pas une prise de fonction des plus confortables, mais cela m’a montré la nécessité de saisir les enjeux, les situations et de savoir prendre des décisions rapides.
 
BTP Rail : Quels sont les enjeux que vous mentionnez ?
M-C. M. : Les gens ont rarement en tête que la région des Hauts-de-France possède, après celui de l’Ile-de-France, le réseau ferré le plus dense. Nous accueillons 20 % du trafic national fret, 14% du trafic ferroviaire. Nous sommes sur une terre ferroviaire qui est exigeante vis-à-vis de SNCF Réseau, ce qui est une bonne nouvelle. Toutefois, c’est avec humilité que je pense que c’est également une région où le ferroviaire a parfois déçu. Nous devons être au rendez-vous de la performance pour que tout à chacun soit convaincu par le ferroviaire et fasse l’expérience d’un mode de transport durable et fiable. Par ailleurs, nous devons accompagner la région dans sa dynamique de réindustrialisation. A ce sujet, nous sommes partenaire de la stratégie « Dunkerque 2030 » qui se met en place.
 
La succession de crises climatiques qui ont impacté le réseau ferroviaire, m’ont permis d’apprendre plus vite, et de voir que les équipes étaient très fortement mobilisées. Marie-Céline Masson
 
 
BTP Rail : Régénération, sécurité… Comment abordez-vous ces thèmes ?
M-C. M. : J’aborde ce thème via la performance. Si l’on souhaite développer le réseau ferroviaire, il faut arriver à le rendre plus attractif. Pour cela, il n’y a pas de secret, nous devons renouveler les voies, les caténaires, les ponts ferroviaires, les passages à niveau. Et nous ne le faisons pas seuls. Dans les Hauts-de-France, 977M€ sont alloués au volet ferroviaire, c’est un objectif fort inscrit au Contrat de Plan Etat-Région (CPER). Nous travaillons main dans la main avec la Région Hauts-de-France et l’Etat. Ils sont des partenaires essentiels pour faire avancer les projets sur le réseau d’aujourd’hui et pour le réseau de demain, ils sont au centre des décisions à prendre pour le territoire.
 
BTP Rail : De quelle nature sont ces échanges ?
M-C. M. : Le dialogue est permanent. Il porte sur les projets de renouvellement du réseau que nous portons ensemble sur les lignes de desserte fine du territoire, qui nous permettent de maintenir les lignes ferroviaires et d’améliorer la régularité. Il porte aussi sur les projets de développement qui doivent nous permettre de multiplier par deux le transport de voyageurs et de marchandises, et contribuer ainsi à la transition écologique. Il porte enfin sur les actions d’urgence, comme pour le rétablissement des circulations lors des situations très spécifiques telle que les récentes intempéries dans le Pas-de-Calais. Je suis très attachée à ce dialogue continu avec ces deux partenaires privilégiés.
 
BTP Rail : Utilisez vous cette méthode de travail avec les clients de SNCF Réseau ?
M-C. M. : Absolument. J’entretien un dialogue régulier avec les clients de SNCF Réseau, que ce soit SNCF Voyageurs, TER particulièrement, ou les entreprises de fret ferroviaires, les ports et les grands industriels qui utilisent notre réseau… Tous les travaux que nous mettons en œuvre ne sont pas sans impacter les circulations. Je n’oublie pas qu’il y a des entreprises, des industries, des salariés qui comptent sur nous et sur la régularité des circulations au quotidien. Nous organisons nos travaux de façon à limiter le plus possible leur impact, avec 80% de nos chantiers réalisés les nuits de semaine, en concentrant les grosses opérations, en sacralisant les début et fin de week- ends, et en préservant les grands rendez-vous que nous avons dans les Hauts-de-France (carnavals, Enduropale…). La multiplicité des contraintes opérationnelles nécessite que la programmation des travaux soit anticipée plusieurs années à l’avance : les travaux de 2024 sont planifiés depuis 3 ans, et font l’objet de dialogues réguliers avec nos clients. L’un de nos grands enjeux chez SNCF Réseau, c’est l’industrialisation des travaux pour renouveler plus d’infrastructure, plus vite, en limitant l’impact sur les circulations commerciales.
 
BTP Rail : Vous affichez une forte ambition en faveur d’une mobilité durable. Quels sont les leviers pour concrétiser cette dernière ?
M-C. M. : Faire circuler plus de trains demain se prépare aujourd’hui. Dès mon arrivée j’ai pu constater que des opérations d’envergures, dont certaines arrivent à maturité, se mettaient en place de manière à accentuer la mobilité durable. Le développement du fret ferroviaire est un élément important de la mobilité durable. Nous travaillons sur le vaste projet qu’est la modernisation de la Voie mère de Calais, financée par l’Etat et la Région, pour augmenter le nombre de trains qu’ils soient à destination ou en partance du port de Calais. Les travaux ont commencé en 2023. Nous travaillons également sur le développement des circulations voyageurs avec le chantier de régénération de la ligne de desserte du territoire Douai-Cambrai depuis début janvier ; 17 mois de travaux d’ampleur pour renouveler les voies, installer de la signalisation, rénover des ponts ferroviaires, traiter des passages à niveau... Nous avons également en étude un certain nombre de projets de développement du réseau ferré régional dont celui de la desserte Lille - Val de Sambre - Avesnois, qui va proposer à l’horizon 2030 une augmentation de l’offre entre Lille, Valenciennes, Jeumont, Hirson et Aulnoye-Aymeries… Travailler sur la continuité durable, c’est travailler une desserte au fin fond des territoires et sur un réseau plus résilient par rapport au changement climatique.
 
Je tiens à avoir, sur l’ensemble des projets que nous mettons en place, un dialogue quotidien avec la Région et l’Etat – Marie-Céline Masson
 
BTP Rail : Quelles sont les actions que vous menez sur ce sujet ?
M-C. M. : Nous mettons en place des solutions pour réduire la vulnérabilité des infrastructures ferroviaires et s’adapter à ces épisodes climatiques. Par exemple, les tournées « intempéries », les tournées « chaleur », les cycles de surveillance… nos experts et agents de maintenance surveillent de très près les voies, les caténaires, les ouvrages pour détecter immédiatement toute dégradation ou risque due aux conditions climatiques. Nous effectuons un retour d’expérience sur les deux épisodes d’inondations que nous avons vécus. Ceci pour regarder l’efficacité de la chaîne d’action qui s’est mise en œuvre dès que les premiers problèmes ont été signalés. Parallèlement, nous mettons en place différentes actions préventives afin d’intervenir sur les lignes du littoral
 
BTP Rail : Quelles sont les synergies possibles entre le fluvial et le ferroviaire ?
M-C. M. : Nous sommes complémentaires. Voies navigables de France (VNF) et SNCF Réseau ont signé au port de Lille un partenariat en 2021 au niveau national. On essaie de travailler dans le cadre de ce protocole pour mettre en place des solutions de transports qui soient plus efficace et plus écologique en combinant les deux modes. C’est assez plaisant d’avoir signé un partenariat quand j’étais Directrice territoriale de VNF et de le faire vivre désormais en étant chez SNCF Réseau. En plus du transport de marchandises, nous travaillons en commun sur certains chantiers à l’image du transport par barge et non par la route du nouveau tablier du pont Mollien sur la voie mère de Calais.
 
BTP Rail : Qu’est-ce que vous aimeriez transposer du fluvial au ferroviaire ?
M-C. M. : Il est un peu tôt pour répondre à cette question. Toutefois, j’ai constaté que le personnel, aussi bien chez SNCF Réseau que chez VNF, est excessivement engagé sur les missions de service public qui leur sont confiées.
 
BTP Rail : Comment relever les enjeux liés au fret ferroviaire ?
M-C. M. : Pour mémoire, un train de marchandises transporte l’équivalent de 40 poids- lourds, avec 9 fois moins de CO2 et 6 fois moins d’énergie… de ce fait pour faire face à l’urgence climatique, nous sommes dans l’obligation de doubler la part modale du fret d’ici 2030. Un objectif pas simple car, à l’échelle du ferroviaire, 2030 c’est demain… Il faut que l’on modernise nos infrastructures. Nous avons un budget de 100 M€ sur 5 ans qui a été prévu au niveau national pour régénérer les voies de service qui sont un élément essentiel mais qui ont été peut-être négligé pendant un certain nombre d’années. Il faut également déployer de nouveau outils digitaux pour gagner en efficacité dans la gestion des capacités commerciales et de circulation… Enfin il faut travailler avec les acteurs économiques locaux, les gestionnaires d’infrastructure européen car nous somme frontaliers…
  
Des travaux massifiés
En 2024, La suite rapide 25 kV effectuera une campagne de renouvellement des armements caténaire sur la ligne Lille-Hirson de juin à septembre. Cette année verra également l’achèvement des travaux de RVB effectués depuis 2015 sur la LGV Nord (voir BTP Rail n°45).
 
BTP Rail : Quid des Service Express Régionaux ?
M-C. M. : Le SERM est bien évidemment un enjeu. Il a comme vocation de travailler sur les grandes aires métropolitaines en fluidifiant le trafic et en créant un choc de l’offre, mais aussi de desservir des territoires qui ne le sont pas forcément. Nous y travaillons, en lien avec la Société des Grands Projets, coordinatrice du projet dans les Hauts-de- France.
 
BTP Rail : A moins de 200 jours des JOP, comment appréhendez vous cet événement ?
M-C. M. : SNCF Réseau travaille sur ce sujet depuis longtemps déjà. Notre réseau doit être d’autant plus performant et robuste car cet événement va faire circuler beaucoup plus de trains avec la nécessité d’être encore plus ponctuel. Nous abordons cette échéance avec méthode, lucidité et sang-froid. Chez SNCF Réseau, nous allons renforcer et prépositionner un certain nombre d’équipes prêtes à intervenir afin de raccourcir les temps d’intervention dans les postes de circulation, de maintenance, de travaux… La salle de crise des Hauts-de-France, qui est sous la responsabilité de SNCF Réseau, est gérée à Lille et sera ouverte en permanence avec un personnel doublé en astreinte… Les Hauts-de- France ont eu la chance d’accueillir 5 matchs de la Coupe du monde de rugby en 2023, et d’accueillir au Touquet l’équipe d’Angleterre. Le ferroviaire a transporté les équipes accréditées et les supporters. Nous serons prêts pour les JOP : nous avons éprouvé notre processus. C’est l’occasion d’améliorer notre qualité de service sur l’ensemble d’un territoire.
 
Propos recueillis par Frédéric Burguière - Photos SNCF Réseau
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