Désormais à la tête de SNCF Réseau, après avoir présidé aux destinées de Réseau Ferré de France (RFF), Jacques Rapoport porte une politique ambitieuse de refonte des stratégies de maintenance du réseau pour soutenir une charge de travail sans précédent.

Construction Cayola : Quelle est l’ampleur du défi que doit relever SNCF Réseau en matière de travaux ?

Jacques Rapoport : Pour cette seule année 2015, près de 1 500 chantiers sont programmés. Nous faisons face à une charge de travail sans précédent qui vise à assurer la maintenance, l’entretien et la modernisation du réseau ferré national. Pour ce faire, il nous faut absolument améliorer la performance de nos actions et adapter nos méthodes. Nous devons parvenir à massifier les chantiers et obtenir des coupures de lignes plus importantes afin de réaliser des programmes complets qui portent sur tous les éléments constitutifs de l’infrastructure ferroviaire. C’est une condition indispensable pour atteindre l’efficacité industrielle.

Construction Cayola : Cette charge de travail induit-elle une évolution des relations avec les entreprises privées ?

Jacques Rapoport : Aujourd’hui, les entreprises partenaires ne peuvent plus être cantonnées dans une simple logique d’exécution. En tant que principal client de nos fournisseurs, il nous incombe de mettre en œuvre un environnement propice au développement de nouvelles relations pour leur permettre d’intervenir plus globalement au niveau de la sécurité ou, plus en amont, sur la conception/réalisation de projets. Pour atteindre ces objectifs, nous voulons favoriser leur montée en compétence au travers de marchés plus longs qui leurs permettront de consentir les investissements nécessaires à cette prise de nouvelles responsabilités.

Construction Cayola : Comment cette démarche est-elle vécue en interne par les équipes de la SNCF ?

Jacques Rapoport : Les entreprises publiques ont culturellement souvent des difficultés à déléguer des opérations lorsqu’elles disposent de spécialistes en interne. Ici, la charge de travail est telle que chacun peut comprendre qu’il est impossible de faire face seuls. Dès lors, le contexte actuel constitue une opportunité de faire évoluer les pratiques et de faire émerger une véritable relation partenariale.

Construction Cayola : Quelle place tient l’innovation dans la stratégie de SNCF Réseau ?

Jacques Rapoport : Après la massification des travaux et la refonte de nos relations avec les entreprises partenaires, le troisième axe de notre stratégie porte évidemment sur cette notion d’innovation. Sans évolutions techniques et logistiques fortes nous ne pourrons atteindre le niveau de performance industriel visé. Cela passe par de nouvelles logistiques et de nouveaux matériels, comme c’est le cas dans le cadre du plan Vigirail, mais également par le déploiement du numérique, le développement de la surveillance par vidéo embarquée ou encore la mise en place d’annonces automatiques. Toutes les pistes doivent être explorées pour répondre à nos objectifs de rendement, sans jamais perdre de vue les enjeux cruciaux de nos métiers : la sécurité et la qualité de service pour les usagers, comme pour les équipes sur les chantiers.