À quelques mois d’une nouvelle élection présidentielle en France, la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) a amorcé un exercice de prospective sur 5 ans sur lequel elle s’appuie pour interpeller les candidats qu’elle souhaite voir prendre au sérieux la problématique des infrastructures, essentielle au redressement de l’activité des travaux publics.

« Le constat est là : nous n’avons pas de politique cohérente en matière de travaux publics et d’infrastructures », débute Bruno Cavagné, président de la FNTP. « En 9 ans, nous avons perdu 26% d’activité. Malgré une croissance annoncée de 3% cette année – dont 1 point à attribuer au Grand Paris - nos entreprises continuent de manquer de visibilité. La faute à des appels d’offres publics trop rares dont la baisse est estimée à 0,3% pour les 12 prochains mois ». La conséquence d’une puissance publique « sans vision » et qui ne mesure pas que les travaux qui ne sont pas faits aujourd’hui coûteront plus chers demain.

La tendance ne risque pas de s’améliorer à l’approche des présidentielles. La Fédération déplore des programmes préconisant la baisse massive de l’investissement public sans distinction entre  « dépense de fonctionnement et dépense d’investissement ». « Dans le cas du plus noir des scénarios, signifiant une absence complète de vision de l’Etat et aucune stratégie à long terme, nous prédisons un système paralysé où l’activité reculera de 3% par an entre 2017 et 2021 soit -13% au total », expose Bruno Cavagné. Un scénario des plus optimistes verrait le budget de l’AFITF enrichi de 2,8 milliards d’euros d’ici 2021.

« Il est possible de réinvestir dans les infrastructures. L’OFCE s’apprête à publier un rapport qui établit qu’en relançant l’investissement public, 96 000 emplois pourraient être créés alors que les TP en ont perdu 35 000, et nous parviendrions à un CA de 48 milliards d’euros. Nous retrouverions ainsi les niveaux de 2008/2009 », souligne Bruno Cavagné. Car la confiance contribue de beaucoup à la relance du secteur. « Le Grand Paris, désormais bien sur les rails, fait déjà l’objet de plusieurs appels d’offres. Les entreprises reprennent confiance, l’activité reprend et la croissance est là. C’est ainsi que l’on stimulera l’investissement privé », affirme-t-il.

Préserver l’investissement local et trouver de nouveaux financements

Consciente qu’elle a son rôle à jouer pour sensibiliser les pouvoirs publics, la FNTP a lancé une campagne intitulée « Réinvestissons la France » qui promeut la modernisation des infrastructures, nécessaires au désenclavement des zones rurales désertées. « L’une de nos recommandations premières est de créer une gouvernance des infrastructures où tout le monde est bienvenu pour trouver des solutions et établir des priorités à partir d’un rapport Duron réactualisé », déclare Bruno Cavagné. Les efforts de la FNTP se concentreront par ailleurs sur la préservation de l’investissement public local (5 ans de visibilité, possibilité d’instaurer un péage pour les collectivités et élargir l’assiette du FCTUA) et la recherche de nouveaux financements « où la pédagogie jouera un rôle clé pour sensibiliser l’usager ».

Afin d’interpeller les candidats à l’élection présidentielle, la FNTP organise le 23 février prochain un Forum dédié aux infrastructures et au savoir-faire de la profession. « Nous profiterons de cet évènement pour rencontrer les candidats, les sensibiliser à nos problématiques et leur faire signer une charte les engageant à lancer un plan d’investissement sur les réseaux et infrastructures, à rétablir la confiance entre l’Etat et les collectivités locales et à accélérer les procédures liées aux grands projets en limitant notamment les voies de recours », conclut Bruno Cavagné.