Le géant français de l’électricité, EDF, devrait prendre le contrôle majoritaire d’une des activités du géant français du nucléaire, Areva, en grande difficulté financière depuis quelques temps. Un accord a été trouvé cette semaine sous l’égide du ministre de l’Economie, Emmanuel Macron.
Ce jeudi, EDF a officiellement annoncé la signature d’un protocole d’accord avec Areva envisageant l’acquisition par le premier de la majorité de la branche d’activité réacteurs du second. L’opération, qui doit être finalisée dans le courant de l’année 2016, se chiffrerait pour l’instant à une valorisation de 2,7 milliards d’euros d’Areva NP (pour Nuclear Power, filiale d’Areva spécialisée dans l’ingénierie des réacteurs). Le quotidien Les Echos précise que cet accord a été conclu avec le consentement de l’Etat, actionnaire du groupe Areva. Un accord qui, plus largement, stoppe le modèle traditionnel du géant du nucléaire – à savoir assurer toutes les étapes du process, de l’extraction du minerai jusqu’au retraitement des déchets.
Des besoins de financements estimés à 7 milliards d’euros
Plus précisément, Areva garderait 25% du capital de sa branche NP, pendant qu’EDF pourrait contrôler à terme entre 51 et 75%. Le montant de la valorisation financière d’Areva est en outre susceptible d’être modifié, EDF ayant insisté sur la nécessité de maintenir son propre équilibre budgétaire. On peut donc retenir que le groupe spécialisé dans le nucléaire devrait en principe recevoir une somme avoisinant les 2 milliards d’euros lors de la cession de son activité réacteurs, une somme qui devrait permettre à Areva de renflouer ses pertes. Il faut dire que le fleuron du nucléaire français table sur des besoins de financements de l’ordre de 7 milliards d’euros à l’horizon 2017…en 2014, il a enregistré presque 5 milliards d’euros de pertes, notamment à cause du chantier de l’EPR de Flamanville, dans la Manche.
Un plan de restructuration d’un milliard d’euros
Dans cette optique, le groupe Areva souhaite également engranger des financements propres (comme l’optimisation de sa trésorerie) et lever plusieurs centaines de millions d’euros grâce aux cessions d’actifs, sans oublier une augmentation importante de son capital. Les Echos ajoutent pourtant que le géant du nucléaire est parvenu à réduire ses pertes au 1er semestre 2015, à 206 millions d’euros contre 694 millions l’année dernière à la même époque. En dépit de cette « bonne » nouvelle, Areva maintient son plan de restructuration d’un montant d’un milliard d’euros à économiser d’ici 2017, plan qui pourrait déboucher sur la destruction de 3 000 à 4 000 emplois en France…