Le chantier du réacteur EPR (pour réacteur pressurisé européen) de Flamanville, dans la Manche, accuse encore du retard en raison d’un énième problème : cette fois, une anomalie aurait été décelée au niveau du couvercle et du fond de la cuve où a lieu la fission des atomes.

Il y a des chantiers qui semblent être atteints d’une malédiction. Celui de l’EPR de Flamanville en fait visiblement partie : débuté en 2007, il se retrouve aujourd’hui confronté à une "anomalie de la composition de l’acier" dans le couvercle et le fond du réacteur, d’après le quotidien Le Monde qui reprend une information communiquée par Areva, le géant du nucléaire français. C’est en réalité une pièce maîtresse qui est ainsi défaillante, car la cuve endosse le rôle de seconde barrière de confinement pour stopper la radioactivité.

L’acier employé présenterait une concentration importante en carbone, ce qui diminuerait sa capacité de résistance face à la propagation des fissures. Or la résistance doit être de mise, quand on sait que la cuve est la cible de pressions titanesques et de chocs thermiques brutaux. Dans tous les cas, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal sont rapidement intervenues pour demander à EDF et Areva de prendre les dispositions nécessaires. En effet, la cuve est la seule composante d’une centrale nucléaire qu’il est impossible de changer une fois que l’installation a commencé à fonctionner – la durée de vie d’un EPR est comprise entre 60 et 100 ans…

EDF et Areva ont répondu qu’une "nouvelle campagne d’essais" allait être lancée en avril, et que les résultats seraient communiqués en octobre. Cet incident de parcours ne pénalise pas pour autant la poursuite des travaux de l’EPR, mais ce chantier accumule malgré tout plus de 5 années de retard et des coûts exorbitants – 8,5 milliards d’euros. Pour l’heure, la mise en service du site de Flamanville est prévue en 2017, tandis que le surcoût final des travaux devrait être de 10 milliards. S’il n’y a pas d’autres soucis d’ici là…