Phénomène temporaire ou situation durable ? Les avis divergent concernant la chute des investissements de l’Etat. Pour l’économiste Philippe Dessertine, le diagnostic est clair : "nous assistons à un changement structurel du mode de financement".

"Nous n’avons encore rien vu du recul de l’Etat investisseur. Il restera en retrait sur le sujet pour un long moment", prédisait Philippe Dessertine, lors d’une intervention devant un parterre de distributeurs et loueurs de matériels, réunis dans les Salons de l’Aveyron, le 2 décembre dernier.

Partant de cette analyse, l’Etat et les collectivités ne pourront plus continuer à financer la construction comme ils le font actuellement. Lorsque l’on sait que l’activité des travaux publics, par exemple, dépend à 70 % de la commande publique, une telle prévision n’est pas faite pour rassurer les professionnels.

Néanmoins, le secteur de la construction n’est pas dans une impasse. Au contraire, il est appelé à tenir un rôle crucial dans la résolution des questions de mobilité, d’évolution démographique ou encore de développement numérique. Chacun en a conscience et les fonds d’investissements privés les premiers.

"Il existe énormément de liquidités privées qui peuvent amplement financer le secteur dans son ensemble", affirmait Philippe Dessertine, avant de nuancer ses propos. "De nombreux investisseurs sont attirés par l’Europe, malheureusement ils ne parviennent pas à rentrer sur ce marché." La résultante d’une somme de règles qui ferme la porte du Vieux Continent aux fonds privés, d’après l’économiste.

Pour réussir à mieux capter ces ressources privées, il semblerait que l’Europe soit disposée à revoir sa copie sur le financement. Dans les organisations professionnelles également, certains veulent prendre le taureau par les cornes. Dernière idée entendue : la création d’un véhicule financier qui capterait les fonds privés pour irriguer tout un secteur.

Entre l’essoufflement du système précédent et l’émergence progressive d’initiatives, "La naissance d’un nouveau modèle économique", prophétisée par Philippe Dessertine, n’est peut-être plus très loin.