André Joffre, président de Tecsol, une entreprise spécialisée dans l’énergie photovoltaïque, signe une tribune dans les colonnes du magazine L’Expansion pour pronostiquer la fin prochaine de la soumission de son secteur d’activité aux oligopoles, et par extension la fin du recours aux énergies fossiles. Point de vue et analyse.

Pour illustrer son propos, André Joffre cite les exemples de Blablacar et d’Uber : le premier a réussi à faire vaciller SNCF et sa politique d’offre jugée trop rigide, avec des prix élevés et des règles d’utilisation de son service strictes ; le deuxième a fait parler de lui dans l’actualité récente en portant sous les feux de la rampe le conflit entre chauffeurs de taxis et VTC (Voitures de transport avec chauffeurs). Dans les deux cas, le président de Tecsol range d’un côté les grosses entreprises dominantes dans leur branche d’activité, une domination remontant parfois à bien longtemps et basée sur des situations de "rentes" engendrant des "privilèges", tandis que de l’autre côté éclosent des petites sociétés innovantes, au fonctionnement inédit et aux services flexibles, sans oublier des prix compétitifs.

Un prix au kWh trop élevé et une énergie nucléaire en question

Pour André Joffre, le même constat peut être dressé dans le secteur de l’énergie, et plus précisément dans le domaine du solaire. La montée en puissance des nouvelles technologies de l’information et de la communication a permis au numérique de s’imposer auprès des consommateurs dans un environnement de plus en plus ouvert et connecté. Par conséquent, le président de Tecsol considère que les usagers de l’électricité devraient revendiquer tôt ou tard plus de liberté et d’autonomie. Un pronostic qui se fonde notamment sur l’augmentation des prix du kWh et la remise en question des centrales nucléaires. André Joffre va jusqu’à parler de l’émergence mondiale d’un "nouveau paradigme énergétique", qui aurait comme principal moteur le solaire décentralisé, associé à du stockage et aux technologies numériques. Ce ne serait donc plus qu’une question de temps avant que le photovoltaïque ne renverse les énergies fossiles, car plus économe et écologique que ces dernières, et ne devienne incontournable.

Le nucléaire participe à 73% à la production d’électricité en France

Ce point de vue appelle toutefois quelques précisions : premièrement, la libéralisation totale du secteur de l’énergie a été actée depuis le 1^er juillet 2007, le mouvement est donc déjà initié depuis plusieurs années. Ensuite, il doit être rappelé que l’énergie nucléaire contribue à hauteur de 73% à la production nationale d’électricité, ce qui en fait une source énergétique considérable, a contrario des énergies renouvelables qui représentent encore des parts minuscules – l’hydraulique détient 13,6% pendant que l’éolien et le photovoltaïque parviennent difficilement, à deux, à 4,9%. Enfin, la puissance des lobbys du secteur ne doit pas être négligée : les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon…) ont encore de beaux jours devant elles. Et quant au rôle du numérique, il ne faut pas perdre de vue que, comme toute invention humaine, il n’est pas infaillible et qu’il serait loin d’être prudent de tout miser dessus.