BTP Banque, filiale du Crédit coopératif et établissement bancaire de son état, publie son étude annuelle sur la santé financière des entreprises du BTP. Le coût de la main-d’œuvre semble se stabiliser, mais cette bonne nouvelle est contrebalancée par la dégradation constante de la santé économique et de la profitabilité des sociétés.
 
La lente dégradation financière du secteur du BTP semble donc se poursuivre, selon l’étude annuelle de BTP Banque portant sur la période 2008-2015. Le rapport s’est fondé sur un échantillon de 4 000 entreprises, plus exactement 1 055 de gros-œuvre, 2 280 de second-œuvre et 660 de travaux publics, et tente d’appréhender l’évolution de la santé financière de ces sociétés ainsi que l’impact sur leurs structures de la crise économique et de la nouvelle loi de modernisation de l’économie – LME, loi du 4 août 2008 visant à lever les contraintes pesant sur certains secteurs pour favoriser leur développement, créer des emplois et faire baisser les prix. BTP Banque en est arrivé à la conclusion qu’à la fin 2015, la trésorerie des entreprises demeurait très fragile et que le recours aux crédits de trésorerie restait indispensable pour financer leurs activités.
 
Contexte difficile
 
La valeur ajoutée des entreprises du BTP a subi une baisse importante entre 2008 et 2014, particulièrement dans le gros-œuvre. La tendance est à la stabilisation dans le second-œuvre, et à une timide augmentation dans les TP. D’après le rapport, les difficultés que connaîtrait le gros-œuvre seraient dues à la hausse des prix des matières premières, à la forte concurrence liée à la main-d’œuvre étrangère et à une activité sous tensions (selon les régions) qui engendrerait une vive concurrence entre les sociétés. Sur le plan de la profitabilité, les faibles résultats économiques de la profession constatés sur les 4 dernières années empêchent les entreprises de consolider leurs structures financières, devenant par extension un frein à l’investissement. En revanche, la productivité des collaborateurs a retrouvé des niveaux supérieurs à ceux de 2008.
 
Coût stable de la main-d’œuvre
 
Concernant l’emploi, BTP Banque note que le coût de la main-d’œuvre par rapport au chiffre d’affaires apparaît relativement stable depuis 2009. De plus, l’intérim ne semble pas constituer une véritable variable d’ajustement. Le secteur enregistre par ailleurs une part croissante d’entreprises connaissant des baisses régulières de trésorerie et des délais de paiement toujours très élevés. Les difficultés à recouvrir les créances se traduisent par un délai client moyen de 52 jours pour les marchés publics, et de 60 jours pour les marchés privés (analyse réalisée sur 50 000 factures). Des retards de paiement côté clients qui influent forcément sur les délais fournisseurs.
 
Pour Claude Lavisse, président du directoire de BTP Banque : « L’étude des comptes et bilans 2015 confirme la faiblesse de la rentabilité dégagée par les entreprises du BTP, en baisse continue en moyenne depuis quatre ans. Pour les bilans 2015, ce sont les secteurs du gros-œuvre et du second-œuvre qui sont les plus marqués par cette évolution. L’amélioration dans les TP est plus difficile à apprécier, les budgets des collectivités restant limités pour la construction ou l’entretien des infrastructures. Dans ce contexte de reprise des volumes, mais de prix et de marges encore faibles, les entreprises doivent plus que jamais rester vigilantes sur la gestion de leur trésorerie qui demeure le « nerf de la guerre » pour accompagner leur croissance d’activité ».