Hubert Védrine, secrétaire général de la présidence de la République sous François Mitterrand et ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Lionel Jospin, était l’invité d’honneur de la Ficime le 12 juin au siège du Medef, à Paris. L’ancien responsable politique est intervenu sur le thème "La France peut-elle relever le défi ?".
Au sortir de l’Assemblée générale de la Fédération des entreprises internationales de la mécanique et de l’électronique, Hubert Védrine a donc pris la parole avant d’échanger avec le public autour de la question suivante : pourquoi la France ne parvient pas à s’adapter et à croire en sa réussite alors qu’elle dispose d’un potentiel formidable pour affronter le défi de la mondialisation ? Question à laquelle M. Védrine a tenté de répondre en soulignant des raisons socio-culturelles (l’auto-défaitisme des Français), économiques (un marché mondial dérégulé et financiarisé) mais aussi étatiques (les dettes souveraines des pays européens qui croulent par ailleurs sous les directives de la Commission), fiscales (un surplus d’impôts qui étouffe les entreprises) ou encore médiatiques (l’hystérisation inhérente à l’information en continu rend la classe politique fébrile et déteint sur ses décisions).
La France se retrouve mal à l’aise dans le processus de la mondialisation dont elle se méfie parce qu’elle induit une perte de contrôle, notamment de la part des pouvoirs publics, auxquels les Français restent attachés. Selon Hubert Védrine, l’Hexagone s’est cependant toujours relevé, même des situations les plus graves. Pourquoi ? Parce qu’il a toujours détenu les atouts nécessaires pour échapper au pire. Fatalistes, les Français ne réaliseraient donc pas les avantages dont ils disposent au sein de leur pays.
Comment faire pour leur redonner confiance ? "L’étau doit être resserré, on doit sortir de la léthargie. Il faut agir maintenant", souligne M. Védrine, pour qui "l’optimisme reviendra si on voit que quelque chose marche". Et pour cela, il propose plusieurs solutions : concrètement, il faudrait instaurer sur le plan politique une coalition nationale pour réaliser les grandes réformes indispensables au pays. Revenir à une politique du bon sens, au plus près des réalités du terrain, serait indispensable. Laisser le président de la République gouverner par ordonnances est une autre possibilité, d’autant que la Constitution le permet. Dans tous les cas, Hubert Védrine recommande à la France de s’extraire de cette morosité ambiante qui l’empêche d’exploiter son véritable potentiel.
Hubert Védrine lors de la conférence de la Ficime au Medef, le 12 juin.
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