Au Qatar, les droits de l’homme sont enfouis sous le sable du désert où des milliers de travailleurs/esclaves meurent pour la construction des stades de la coupe du monde de football 2022.

C’est le terrible constat de Jeremy Stahl, notre confrère du site Slate.fr, après le visionnage du documentaire « E60 : Trapped in Qatar » de la très renommée chaîne sportive ESPN. C’est en 2022 qu’aura lieu cette coupe du monde qui, dès l’attribution, avait provoqué de nombreuses protestations. Climat trop chaud et absence d’héritage footballistique se sont additionnés à une partialité des votes que d’aucuns ont vivement critiqués. Mais au-delà de la polémique, ce qui fait frémir, ce sont les conditions de vie des milliers de travailleurs étrangers, venus construire les 12 stades qui auront la tâche de marquer la magnificence du Qatar dans le monde.
8 ans avant l’ouverture de cette Coupe du Monde, c’est un journaliste d’ESPN qui a filmé clandestinement les travailleurs entassés dans des conditions déplorables et réalisé les interviews des veuves. Oui, des veuves car c’est de morts qu’il s’agit aujourd’hui sur ces chantiers qui seront effectués par les 1,4 million de travailleurs migrants du pays. Selon le journaliste, 184 travailleurs migrants népalais sont morts, principalement à la suite de « morts cardiaques subites » dues aux terribles conditions de travail et à l’extrême chaleur. L’ambassade népalaise au Qatar affirme que 400 travailleurs sont morts sur des projets liés à la Coupe du monde depuis 2010. Et il s’agit seulement des Népalais. Pour l’Inde, ce chiffre monterait à 500 morts. Les chiffres pour le Pakistan et les Philippines ne sont pas indiqués. Mais d’après le CSI (confédération syndicale internationale), ce sont 1 200 migrants décédés qu’il faut comptabiliser jusqu’à présent, et 4 000 d’ici à l’ouverture de la Coupe.
Et la Kalafa d’être montrée du doigt dans cette tragédie puisque ce système, décrit comme de l’esclavage moderne, permet à un employeur Qatari de confisquer le passeport et le visa de sortie d’un travailleur migrant, l’empêchant ainsi de quitter le pays.
Le Qatar annonce un changement dans cette loi mais « les promesses d’un réexamen du parrainage et des permis de sortie sur le long terme n’aident pas les travailleurs sur le terrain, a déclaré James Lynch d’Amnesty International au journal. Le gouvernement annonce une loi sur les travailleurs locaux depuis 2008 mais nous n’avons toujours rien vu. »
Si l’on détourne les yeux aujourd’hui de cette tragédie, comment les river en toute conscience sur ce spectacle dans 8 ans ?